Sonnet 30
à Georges Picard
Les fruits adoucissent la morsure en leur chair.
Par leur suavité, ils détruisent l’attaque
Qu’on y porte, car leur chair est une parade
À des coups, une exquise esquive, un cercle
Où s’abolit la violence qu’on leur fait.
Les dents n’y font que des empreintes de morsure,
Des petits pas de dévoration dans leur neige,
Un doux crépitement de miel et de lames.
Et les dents ouvrent une autre robe dans leur robe,
Une robe intérieure à leur robe et qui est
La course rêvée de leur chair, la mort tombée.
Les épées sont comme le fourreau de l’aigu
Et l’aigu lui-même est le fourreau de l’aigu.
Et les épées sont de la fourrure d’épée.
Laurent Albarracin